Ce roman, à la sublime couverture dessinée par Blanquet, excusez du peu, est, comme l'indique son auteur en sous-titre, "un modeste hommage à une sous-culture" . Car 10 000 Litres d'Horreur Pure est avant tout une déclaration d'amour à un sous-genre cinématographique des années 80 qui fit le bonheur des ados préfigurant la génération geek actuelle : le survival.
"Qu'est ce que le survival" me demande-t-on la bas dans le fond ? Bon si je vous dit : Vendredi 13, Massacre à la Tronconneuse, Evil Dead, Délivrance, La Colline a des Yeux ... Ca y est, vous situez ? Moi j'avais 4 ans au début des 80's mais j'ai passé une partie de mon adolescence à visionner ces purs chefs d'oeuvre de série B en piquant les cassettes vidéos de mon tonton. Bref le Survival (pronounce: seuvaiilvol) répond à quelques critères assez basiques : Prenez une bande de jeunes (ou pas : cf Délivrance) qui partent en sifflotant pour un joyeux week-end à la campagne dans leur monospace plein de pâtes, de bières et de ketchup. Variantes : la partie de chasse pour cadres stressés ou les vacances en famille en camping-car. Sauf qu'à un moment donné, ils se rendent compte que les gentils campagnards, loin de leur filer aimablement des oeufs et du lait frais, sont en fait des psychopathes assoifés de sang, au patrimoine génétique fortement entaché par des émanations chimiques, radioactives ou extra-terrestres, au cerveau ramolli par les mariages entre frères & soeurs ou tout bêtement traumatisés par la fermeture des abattoirs qui faisaient vivre leur famille
depuis 3 générations. Quand je pense à ca je me dis qu'on a d'ailleurs pas vu toutes les repercussions de la fermeture de Danone ou Bailly, ca fout la flippe quand même . Bref nos jeunes se retrouvent tailladés à coup de hache ou de tronconneuse, dévorés vivants, violés sauvagement, poursuivis dans la nuit pendant des heures ou ensevelis dans un trou où flottent des trucs innommables et qui sentent très mauvais. Parfois il y en a un qui s'en sort, mais c'est rare et de toute façon personne ne veut le croire, il se retrouve enfermé dans un asile à divaguer sur les joueurs de banjos armés d'une arbalète, destin guère plus reluisant que celui de steak haché si on y réflechit bien. Désolée pour cette digression, mais moi la sous-culture, j'adore (voire même la sous-sous culture)
Bref, revenons au roman :
JC (le gosse de riche camé), Kathy (la "blonde"), Ivana (pauvre mais intelligente), Marc (son petit ami, le seul perso "neutre") et Patrice (l'intello puceau) partent donc en week-end au bord d'un lac isolé, dans un cabanon ayant appartenu à la tante de Patrice (et où sa soeur handicapée a mystérieusement disparue il y a 15 ans). Ignorant allègrement tous les signes qui devraient pourtant leur mettre la puce à l'oreille (le type bizarre qui élève des chats de combat, le réseau GSM inexistant) et les évidences indispensables pour la survie en milieu rural hostile (ne pas aller dans le trou de la cave même si il y a une échelle, ne pas aller seul dans la nuit voir ce qui a causé ce bruit bizarre, ne JAMAIS entrer dans la maison abandonnée depuis 20 ans), nos 5 amis vont donc connaitre la pire expérience de leur vie. Et le lecteur suit le destin sanglant et ô combien prévisible de chaque personnage, un chapitre correspondant chaque fois à un perso. Personnages stéréotypés et pourtant plus fouillés qu'il n'y parait, ectoplasmes semi-humains, bébés-cannibales : vous l'aurez compris, 10 000 litres d'horreur pure se lit comme un film, est bourré des clichés du genre et même un peu plus, bref c'est jouissif quand on voue, comme Thomas Gunzig (et moi), un culte à Tobe Hoper ou Wes Craven. Ou aux ptis frères du 21e siècle, Alexandre Aja en tête .
Un excellent roman déjanté et 2e degré !
10 000 litres d'horreur pure parution août 2007 aux éditions
Diable Vauvert