Loevenbruck Henri

Henri Loevenbruck - L'apothicaire




L'apothicaire

 




Henri Loevenbruck - L'apothicaireEn 1313, Andreas Saint-Loup est l’un des plus grands apothicaires de Paris. Sa réputation sulfureuse lui apporte son lot d’ennemis, son côté anticlérical lui valant beaucoup d’inimitiés. Un jour, il se rend compte de l’existence d’une pièce au milieu de sa maison. Pas une pièce cachée, juste une pièce vide, oubliée. Il réalise rapidement que ses serviteurs ainsi que son apprenti ont aussi oublié cette pièce. Ceci mènera Andreas Saint-Loup dans une course-poursuite haletante où les forces du mal s’acharneront à détruire l’apothicaire.

Un choc. Tout simplement. Voila comment décrire la lecture du treizième roman d’Henri Loevenbrück. C’est le premier roman pur historique de l’auteur du Syndrome Copernic (si on met de coté ses oeuvres de Fantasy). L’auteur y décrit un moyen-âge criant de vérité où les luttes de pouvoir sont faites d’alliances et de trahisons. Henri Loevenbrück plonge le lecteur dans ce climat avec une écriture en simili vieux Français ce qui pourrait, dans un premier temps, décontenancer le lecteur, mais qui ne fait que rendre l’intrigue plus prenante. En effet, le roman est raconté à la troisième personne et celle-ci s’adresse au lecteur. Ce qui permet à l’auteur des digressions aussi cultivées que passionnantes.

Deux romans peuvent venir en référence de ce livre, Le pendule de Foucault d’Umberto Eco, pour le coté érudition et démystification des codes, et Les piliers de la terre de Ken Follet, pour le coté alliances politiques et descriptions du contexte moyenâgeux. Autant dire des très hautes références et ce roman n’a absolument pas à rougir de la comparaison.

L’écriture est une vraie merveille de fluidité et de sonorité. Les personnages sont magnifiquement travaillés. L’apothicaire est un libre penseur dans un monde encore sous le joug du catholicisme. Son apprenti et la jeune héroïne sont aussi des bons et solides personnages de roman avec chacun leur caractère bien trempé et surtout une évolution psychologique crédible ce qui n’est pas toujours le cas dans les romans.

La confrontation de la méthode de pensée d’Andreas Saint-Loup à la démonstration symbolique du gnotisque est particulièrement bien trouvée. L’auteur utilise le fonctionnement des codes secrets pour garder le lecteur en haleine tout en indiquant bien son dégoût de l’ésotérisme de bazar. Cette ambigüité est un vrai régal pour le lecteur qui pourra aussi se délecter des piques de l’auteur qui se révèlent encore tout à fait d’actualité de nos jours. Comme quoi les choses n’avancent pas toujours vite.

Il faut aussi signaler la somme documentaire qui est distillée dans ce roman, toujours en finesse. Il est difficile d’imaginer la difficulté qu’a dû être la rédaction de ce roman, ce qui prouve que le travail de romancier a fonctionné à plein régime. Malgré tout cela, Henri Loevenbruck nous réserve quelques scènes d'une beauté et d'une grâce infinies notamment cette apparition sublime d’une louve qui tout en servant le récit rajoute une touche délicieusement poétique. A l’image de ceci, l’apothicaire prouve que l’auteur a été touché par la grâce tant le style et le fond se marient à merveille afin de donner naissance à une œuvre puissante, esthétique, érudite et surtout facile d’accès. Le savoir à portée de tous en somme.
Il faut bien que je trouve quelques défauts à ce livre sinon le lecteur pourrait trouver cela louche. Les passages historiques avant chaque arrivée dans une ville peuvent être trop répétitifs, selon certains, et le roman peut être perçu comme trop long, dû au fait des nombreuses digressions. En ce qui me concerne, je trouve que c’est l’une des richesses de ce roman. Alors certes, le roman est long (plus de 600 pages écrites assez petit, plus d’un million de signes), mais c’est cette épaisseur qui fait le sel de cette quête et qui distingue L’apothicaire des cinq-cents autres romans que l’on a pu lire sur des quêtes.

Le dénouement final est excellent et j’avoue lors de la lecture de la dernière phrase avoir ressenti ce petit frisson qui fait dire à chaque lecteur : Je viens de finir un grand bouquin. Car L’apothicaire est tout simplement énorme, de par la somme d’informations qu’il transmet, l’intrigue originale et palpitante, les personnages absolument savoureux et le dénouement impeccable. L’apothicaire est le roman incontournable de cette rentrée.


L'apothicaire, parution octobre 2011, éditions Flammarion
P
arution mars 2013, éditions J'ai Lu

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