Résumé éditeur :
A la suite d'une profonde déception sentimentale, la capitaine de police Isabelle Mayet a souhaité quitter le quai des Orfèvres, pour un poste à Nantes où elle pourra veiller sur sa mère. En renonçant au prestigieux siège de la Police Judiciaire parisienne, elle pense faire une croix sur sa carrière. Jusqu'à ce que le cadavre ensanglanté d'un vieil ermite, découvert dans un bunker allemand de la seconde guerre mondiale, lui offre un exutoire. Crime ou suicide ? L'affaire est plus complexe qu'il n'y parait. Plus dangereuse aussi. Sur les bords de Loire, des enquêtes inachevées remontent à la surface. De sinistres souvenirs qui dormaient dans la vase. Isabelle n'est plus la chasseresse. Elle est devenue la proie.
L'avis de Lynchmaniac
Troisième roman de Sylvain Forge, La trace du silure est le premier à se dérouler dans la ville adoptive de l’auteur, à savoir : Nantes. Et ce choix n’est pas anodin. L’auteur nous présente ici un capitaine de police en pleine gloire qui doit se faire muter pour s’occuper de sa mère malade. Autant être muté de Nantes vers le 36, c’est signe d’ascension ; autant le contraire va être mal vu.
Lors de son précédent roman, Sylvain forge nous avait livré une histoire, un tantinet classique, mais dans un contexte historique particulier (Vichy 1943) qui rendait le livre intéressant à suivre. Ici, point de contexte historique, mais plutôt un contexte géographique, car Nantes prend ici un des premiers rôles du roman. Plonger une intrigue dans une ville autre que Paris est, pour moi, toujours un grand bol d'air. Par exemple, cela avait réussi à Franck Thilliez en nous transportant dans le Nord. Ensuite, je dois nuancer le propos, car je suis moi-même de Nantes, donc toutes les évocations de lieux résonnent naturellement plus fort quand on connaît physiquement la ville. N'empêche que, pour moi, cette originalité fait partie des vraies réussites de ce roman.
Malheureusement, on ne peut pas forcément en dire autant de l'intrigue. Elle se suit plaisamment, mais manque cruellement de suspens. A quoi est-ce dû ? Surement à un trop grand respect de la littérature policière. En prenant des chemins balisés, Sylvain Forge n'arrive pas à nous perdre, or, en ce qui me concerne, c'est ce que j'aime dans un roman, quand il m'emmène là où je ne pensais pas aller. Après, il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l'eau du bain. L'histoire principale est bien écrite et se lit avec plaisir. Le style est fluide et la lecture très agréable.
Les personnages pèchent un peu dans la mesure où le lecteur peut avoir du mal à se raccrocher à un défaut, à une fêlure, car Isabelle Mayet paraît presque trop forte (ce qui est faux en réalité) ou du moins trop lisse pour nous retenir. Le reste du casting est plutôt sympathique et bien amené, mais un peu trop classique à mon goût.
En conclusion, Sylvain Forge nous livre ici un honnête polar qui pèche un peu par un trop grand classicisme, mais rehaussé par la ville de Nantes qui marque le roman de son empreinte.
L'avis de Montse
Après Le vallon des Parques, Sylvain Forge opère un virage à 180° et choisit le polar contemporain pour son nouveau roman : La trace du silure. Un roman totalement ancré dans la réalité avec le déménagement du 36 ou encore les manifestations anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui sont vraiment d’actualité. L’action se déroule à Nantes et on ressent que l’auteur connaît très bien et apprécie cette ville dans laquelle il habite.
Isabelle Mayet, son personnage principal, est vraiment touchante. La quarantaine, célibataire et sans enfants, sortant d’une relation sentimentale, la voilà qui remet en question sa carrière en quittant le 36 pour aller s’installer à Nantes afin de s’occuper de sa mère malade. C’est une nouvelle vie qui commence pour elle, mais pas de tout repos…
A peine arrivée à sa nouvelle affectation, on lui fait comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue car elle vient de ravir le poste à un de ses collègues. Les relations s’annoncent tendues mais vont toutefois s’apaiser très (trop ?) vite.
Isabelle est, selon moi, le gros point fort du roman, on prend beaucoup de plaisir à la suivre dans ses investigations. Son personnage est bien développé contrairement aux personnages masculins qui manquent, peut-être, d’un peu de substance.
Concernant l’intrigue, je suis un peu plus réservée. Les avancées sur l’enquête m’ont parue un peu dues au hasard. Alors, certes, le hasard, la chance, l’intuition sont importants dans une enquête, mais le tout m’a semblé un peu trop facile et la fin très rapide. J’ai malheureusement deviné certains événements à l’avance ce qui n’a pas aidé non plus. Pourtant la toile de fond était très intéressante mais peut-être pas suffisamment exploitée.
Un avis en demi-teinte donc, car autant j’ai apprécié faire la connaissance de cette galerie de personnages au fort potentiel (qui pourrait, je pense, être développée dans d’autres romans), autant l’intrigue en elle même ne m’a pas complètement convaincue.
Mais une chose est sûre, l’écriture de Sylvain Forge est des plus agréables.
La trace du silure - Parution février 2014. Éditions du Toucan
Parution mai 2018, éditions Le Livre de Poche