Jean-Christophe Grangé

 

 

 

Jean-Christophe Grangé

 

 

 

Bonjour Jean-Christophe Grangé.  En 1994 sortait votre premier roman, Le vol des cigognes, quels souvenirs gardez-vous de cette époque?
J’étais euphorique. J’étais encore grand reporter et j’étais très heureux d’avoir pu publier ce premier livre. À l’époque, je n’envisageais pas que l’écriture romanesque puisse devenir mon métier à plein temps. C’est quatre ans plus tard, avec Les Rivières pourpres, que le fait s’est imposé à moi : j’étais un vrai écrivain !


Vous êtes considéré comme le précurseur du thriller français. Ce succès a-t-il changé votre façon d'écrire avec le temps?
Aucun élément extérieur n’a jamais changé ma manière d’écrire. Quand vous êtes écrivain, vous devez êtes un bloc imperméable à toute influence. Le succès a simplement (peut-être) approfondi la pression que j’ai l’habitude de me mettre sur le dos. Pour moi, satisfaire mon public est un devoir et je travaille à fond pour y parvenir. Comme disait Fritz Lang : « J’ai toujours fait du mieux que j’ai pu. »

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Je ne regarde jamais derrière moi mais devant. L’idée est de ne jamais décevoir son public. Pour cela, je travaille beaucoup, dès l’aube, tous les jours de l’année. Je considère le fait d’être écrivain à temps complet comme un pur miracle. Chaque matin, à quatre heures, quand je me mets au boulot, je remercie le ciel d’en être arrivé là.

Lontano - Jean-Christophe Grangé Lontano est votre onzième roman, comment est-il né ? Combien de temps a pris le travail de recherche et d'écriture pour ce roman ?
Lontano est le premier tome d’une longue histoire en deux volumes. Je viens d’achever le deuxième tome et l’ensemble m’a pris trois ans. Mon éditeur a attendu que je finisse cette saga avant de publier le premier roman pour pouvoir sortir la suite assez vite (sans doute au printemps prochain). Personnellement, j’ai toujours aimé les sagas familiales. Avec Lontano, j’ai décidé d’écrire la mienne, mais en conservant mon fil rouge habituel : l’enquête criminelle.

Où avez-vous trouvé l'inspiration pour créer le personnage de l'homme clou ? Est-ce à partir des Nkondi et de leurs croyances ?
J’habite à Paris, à côté du Musée Branly qui est consacré aux arts premiers. J’ai vu là-bas une exposition sur la statuaire des ethnies du fleuve Congo. Quand j’ai découvert les minkondi, ces sculptures perforées de clous, de lames de fer, de tessons de verre, j’ai su que je tenais le sujet de mon prochain livre.

 

L'Afrique est au cœur de l'action de ce nouveau roman, quel est votre rapport avec ce continent ?
J’ai découvert l’Afrique quand j’étais grand reporter et on peut dire que je ne m’en suis jamais remis. L’Afrique, c’est un autre monde, à la fois de beauté et de misère, de joie de vivre et de violence. Pour moi, c’est un décor hors norme qui convient bien à mes histoires elles-mêmes assez... excessives.

Certains de vos romans ont été adaptés au cinéma et la télévision, que pensez-vous de ces différentes adaptations?
C’est la question qu’on me pose le plus souvent, j’y réponds toujours de la même manière : le milieu du cinéma et de la télévision est très complexe, bourré de contraintes, d’egos, d’argent. Tout cela fait que, quel que soit le résultat, on est toujours content de voir quelque chose sur l’écran. En général, l’écriture, le tournage, le montage ont été un tel bordel que franchement, c’est un miracle d’obtenir un film à l’arrivée.

On vous voit très peu sur les salons ou en dédicaces, est-ce un exercice que vous affectionnez peu ?
Je pense que le devoir d’un écrivain est d’écrire des livres et non des dédicaces. Dès que je suis en signature, je me dis : « qu’est-ce que je fous là ? Je devrais être en train d’écrire un chapitre ! »

Vous avez été un des pionniers du thriller français, que pensez-vous des auteurs qui ont suivi votre voie? Y-a-t-il des auteurs que vous avez remarqués ou appréciés dans cette génération ?
J’ai été très heureux d’être suivi dans ma voie, qui privilégie l’intrigue et le rythme. Je ne connais pas tous les auteurs de thrillers français mais j’apprécie beaucoup Franck Thilliez, qui partage avec moi le goût des intrigues complexes, fondées sur des recherches approfondies.

Quels sont vos projets ?
Je suis en train de relire et de corriger le deuxième tome de ma saga. Ensuite, je vais m’attaquer à un roman plus court qui reviendra aux fondements du genre : un tueur, un flic, et en avant la musique ! Par ailleurs, la série adaptée de mon roman Le passager va être diffusée sur France 2 à partir du 6 novembre et je développe une série, toujours pour France 2, avec les personnages des Rivières pourpres.

Depuis vos débuts en 1994, il y a eu l'émergence sur internet des blogs littéraires, y regardez-vous les retours de vos romans ? Quel est votre avis sur ce phénomène ?
Sans jeu de mots, j’ai une position très nette avec Internet : ne jamais lire ce qu’on écrit sur vous ! Les compliments ne me font ni chaud ni froid et la moindre critique négative me fout le cafard pendant une semaine. Mieux vaut ne pas ouvrir la boîte de Pandore...

Quelle est la question que l'on ne vous a jamais posée en interview et à laquelle vous auriez aimé répondre ?
« Pourquoi écrivez-vous ? » Avec l’âge, la première réponse qui me vient est : « Pour nourrir mes enfants. »

 

 

 

 

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