Louise Mey

 

 
 
Louise Mey

 

Bonjour Louise Mey, votre roman, Embruns, vient de sortir chez Fleuve éditions. Pouvez-vous nous le présenter ?
    Bonjour ! Avec plaisir : Embruns est un thriller, qui a pour personnages principaux les quatre membres d'une famille : Chris, Béa, et leurs enfants Bastien et Marion. Ils s'embarquent sur une petite île de Bretagne pour un week-end ; un week-end qui ne va pas du tout, du tout se dérouler comme prévu.


Sans trop en dire, comment vous est venue l’idée de cette histoire ? Et notamment de la famille Moreau ?
    Je crois que tout au fond, je voulais jouer un peu avec l'image de la famille Ricoré, celle qui n'existe que dans les pubs. Quand je pense aux Moreau, j'ai cette image des sweat-shirts ridicules avec un papa-une maman-un garçon-une fille...

Mais comment réagit la famille « parfaite » quand ça déraille ?


Les ravagé(e)s de Louise Mey

Comment avez-vous réussi à créer un tel climat angoissant, étouffant et comment arrive t-on à le gérer d’un bout à l’autre ?
    Ah, eh bien, merci, déjà ! Pour moi le thriller c'est surtout une affaire d'ambiance et de montée en pression jusqu'au final, alors cette question est un très beau compliment.
Ça aide d'avoir déterminé une unité de lieu, une unité de temps – les Moreau sont là pour un week-end seulement, donc je sais que les événements doivent s'enchaîner dans un temps restreint. Je me suis autorisé des moments un peu calmes au début, histoire de faire connaissance.
Puis il y a un basculement à mi-parcours, et à partir de là j'ai essayé de faire en sorte qu'il n'y ait plus de temps mort ; ou alors au contraire, des moments de respiration qui ont un sens... stratégique, disons. Pour que ce soit pire après. J'assume un brin de sadisme dans l'écriture d'Embruns.


Cette ambiance ne finit-elle pas par déteindre sur votre quotidien au moment de l’écriture ?
    De manière assez paradoxale, Embruns a été une récréation. Ce qui ne signifie pas que ça n'a pas représenté beaucoup de travail. Mais le précédent roman avait exigé une documentation minutieuse sur les violences systémiques faites aux femmes. Passer des heures, jour après jour, à se plonger dans les études et des données sur le sujet, ça, c'était difficile à gérer.

Alors comparé à ça, chercher des infos sur les hortensias et les horaires de marées, sincèrement, c'est de la rigolade.
(Je croise cependant les doigts pour que mon historique de recherche n'attire pas l'attention des autorités parce que j'ai quand même dû chercher d'autres petites choses, on ne parle pas que d'horticulture et de baignades...)

Une île ? Les Moreau ? Doit-on y voir un clin d’œil à H.G. Wells ?
    Une petite île à l'apparence inoffensive avec des personnages qui commencent à disparaître : plutôt à Agatha Christie !

Et en termes de référence, j'adore les histoires avec un final surprenant, un truc qui vous fait dire « hein, attends, quoi ?! » et vous donne envie de revoir tout le film avec une perspective différente. En cinéma, disons Usual Suspects, par exemple, avec l'excellent Kevin Spacey. Vous voyez le genre ? Ou Sex Crimes, avec Neve Campbell et Kevin Bacon (s'il y a des trentenaires qui nous lisent), qui peut sembler un peu cheap mais qui m'avait beaucoup plu, justement à cause de cette construction scénaristique avec un épilogue qui met beaucoup de choses en lumière.


Embruns
est totalement différent de votre premier roman, Les ravagé(e)s, n’avez-vous pas eu « peur » de perturber vos premiers lecteurs qui s’attendaient peut-être à un second roman dans la même veine que le premier ?
    C'est vrai ; c'est très différent. C'est une vraie liberté de travailler avec des gens qui vous laissent aller dans des directions inattendues, et la liberté, c'est toujours un peu risqué... mais ça vaut le coup.

Embruns est un « One Shot », une histoire unique. C'est un thriller et pas un polar ; c'est plus court. On ne retrouve pas Paris, pas les personnages des Ravagé(e)s.
Le rythme, surtout, n'a rien à voir. Dans Les Ravagé(e)s, il y avait une longueur (voulue). Ca traînait un peu pour embarquer le lecteur dans cette lassitude des personnages ramant dans une enquête. Là, non. En tout cas, ce n'est pas le but recherché !
Le style est un peu différent aussi : plus direct, je pense. Mais on retrouve des points communs : déjà, on fait cuire des courgettes dans les deux histoires. (Je vais mettre des courgettes dans tous mes récits pour assurer un fil conducteur, je pense.) Et surtout, il y a des personnages féminins forts, et complexes.


Comment se sent-on au moment d’écrire un second roman après avoir eu de bons retours sur le précédent ? Avez-vous eu plus de pression, par exemple ?
    Quand je l'ai proposé au Fleuve, Embruns existait déjà à l'état de synopsis, pour une mini-série en trois épisodes. Quand Marie Eugène-ma-formidable-éditrice m'a donné le feu vert pour adapter ces premières pistes en roman, je me suis surtout sentie contente de pouvoir raconter cette histoire, qui donnait des coups dans le petit tiroir mental où je l'avais rangée, en attendant de pouvoir sortir. J'ai pu avancer vite, efficacement. Il y a eu des problèmes narratifs à résoudre, mais je savais où j'allais : quand on ne « bloque » pas vraiment, peut-être qu'il est plus simple d'échapper à la pression ?

En fait, elle arrive maintenant, quand on me demande par exemple si les lecteurs vont être déçus par le contraste d'un livre à l'autre ! Parce que c'est une question très légitime, mais que je n'avais pas anticipée... (C'est sans doute pour ça que j'essaye d'être auteure et pas Grande Stratège Marketing parce qu'il me manque clairement la vocation)
Cela dit, il y a une équipe très compétente au Fleuve qui sait, elle, manœuvrer sur ce genre de sujets, et je lui fais totalement confiance.


Contrairement à beaucoup d’auteurs, vous êtes assez peu présente sur les réseaux sociaux. Pourquoi ce choix ?
    Alors ce n'est plus tout à fait exact, car depuis la sortie des Ravagé(e)s j'ai créé un profil Twitter (@Mey.Louise). Puis j'ai fait des salons et coup sur coup, trois femmes charmantes de soixante ans et plus m'ont fait remarquer gentiment que ça ne servait pas à grand chose ; qu'il valait mieux que je me crée une page Facebook. J'ai failli me vexer mais finalement j'ai suivi leurs conseils (quand je vous disais que je préférais déléguer la stratégie marketing). Donc je remercie ces personnes, car j'ai désormais une page Facebook. Vous pouvez venir, c'est assez intime -je crois qu'on est genre 8- et je poste parfois des photos de petits animaux mignons.


Allez-vous partir à la rencontre de vos lecteurs pour des signatures ?
    J'ai fait plusieurs salons depuis la sortie des Ravagé(e)s, c'est plutôt la maison d'édition qui gère mais en général je dis oui !

Pour l'instant je sais que je serai en dédicace à Paris le 24 Juin, chez Gibert. Le lendemain, il y a le salon St Maur en Poche (Les Ravagé(e)s est sorti chez Pocket le 11 Mai). Je serai aussi au salon Sang d'Encre, à Vienne, l'automne prochain.
Il y en aura d'autres j'espère, et je mettrai tout ça sur la fameuse page Facebook...


Quels sont vos projets ? Le troisième livre est-il en cours d’écriture ?
    Oui ! Je suis en train de travailler sur la suite des aventures d'Alex et Marco, des Ravagé(e)s. Replongée dans les violences sexistes jusqu'au nez... J'ai bien fait de respirer un grand coup d'embruns avant de m'y remettre


Merci beaucoup Louise Mey pour le temps que vous nous avez consacré, nous vous laissons le mot de la fin.
    Merci à vous ! Merci à mes conseillères en image bénévoles rencontrées sur les salons. Merci aux lecteurs, et si vous n'aimez pas les thrillers mais que vous aviez aimé Les Ravagées, un peu de patience, la suite arrive.


P.S. Depuis notre interview de juin 2016, avez-vous appris à faire les omelettes ? :)
    Toujours pas... Alors j'ai décidé de m'inspirer davantage d'Alex qui sait se concentrer sur l'essentiel ; je me suis fait une raison et je mange des œufs brouillés en chantant Let It Go, ça va très bien comme ça.

 

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview



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