Bonjour Agathe, notre dernière interview avec vous date de juillet 2011, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis ?
2011, déjà ! Il s’est passé pas mal de choses. J’ai publié 5 romans et un « Dictionnaire des cons et autres génies » avec Samir Bouadi. Et depuis 4 ans, j’enseigne l’écriture. C’est un vrai challenge car de nos jours, bon nombre d’étudiants ne voient pas à quel point l’écrit reste un mode d’expression essentiel, quelle que soit la profession choisie. Mais le fait de transmettre me plaît énormément, et voir les progrès de certains étudiants est très gratifiant.
Votre nouveau roman Des éclaircies en fin de journée, vient de paraître aux éditions Pygmalion, pourriez-vous nous le présenter ?
L’histoire s’étale sur une année scolaire au cours de laquelle Léopoldine, 16 ans, va vivre de grands bouleversements familiaux. Notamment, passer de statut de fille unique et chérie dans ses deux foyers (ses parents sont divorcés) à celui de grande sœur d’un bébé qui va devenir le centre d’attention, comme il se doit. Elle devra aussi affronter le regard des autres sur sa famille, recomposée de façon peu conventionnelle. On l’accompagne donc dans les moments difficiles, mais aussi ceux emprunts de l’insouciance et des débordements propres à l’adolescence.
Une fois de plus, vous nous régalez avec des personnages touchants, comment sont-ils nés ?
Je dois avouer que je me suis beaucoup inspirée de ma fille aînée pour créer le personnage de Léo. Les autres sont sortis de mon imagination, mais ça et là, j’ai glissé certaines façons de penser ou de se comporter qui m’ont frappée lorsque je les ai observées, et qui me semblent refléter notre société.
Leo traverse une période assez riche en émotions, pourquoi avoir choisi la période de l’adolescence ?
Justement parce que c’est une période où tous les sentiments sont exacerbés. Une époque où l’on existe principalement à travers le regard des autres. Or, les décisions des parents de Léo vont non seulement l’affecter, mais aussi changer la façon dont elle est perçue dans la micro société que constitue un lycée, peuplé d’ados au jugement parfois cruel. Les crises seront inévitables, mais l’amour qui l’unit à sa famille et sa découverte du théâtre l’aideront à en sortir grandie.
Paul, le père de Léo, refait sa vie avec un homme, chose qui peut sembler naturelle à notre époque mais qui pourtant est assez mal acceptée par certaines personnes, qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Les sujets de société m’intéressent énormément. Si l’homosexualité est relativement bien acceptée selon les milieux, l’homoparentalité reste un sujet compliqué, tabou pour certains. La loi française ne l’autorise pas, mais de plus en plus de couples choisissent de concevoir leurs enfants à l’étranger. Donc, ces familles existent déjà, et elles vont probablement être de plus en plus nombreuses. Et il m’a semblé intéressant d’imaginer la vie d’une de ces familles, notamment ayant déjà un enfant né d’une union hétérosexuelle et qui, lui aussi, allait devoir apprendre à intégrer cet enfant.
Des éclaircies en fin de journée s’ouvre avec une citation de Socrate « Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans »
À votre avis, que dirait-il aujourd’hui ?
Exactement la même chose !
Qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs qui n’ont pas encore découvert votre roman ?
Que je l’ai écrit en espérant qu’il toucherait n’importe quel lecteur, indépendamment du son mode de vie et du fait d’avoir des ados dans sa famille ou non, car ce roman parle avant tout de rapports humains, et du chemin que l’on doit parcourir lorsque notre équilibre de vie est menacé et qu’on doit se remettre en question. Une situation qui touche tout le monde, à un moment ou un autre.
Dans votre bibliographie, quel livre préférez-vous et pourquoi ?
« Rien de personnel », qui contrairement à ce que son titre indique, traite de sujets qui me tiennent particulièrement à cœur. C’est l’histoire d’une femme qui a été abandonnée à la naissance par sa mère, devenue depuis une comédienne célèbre, et qui prend un pseudonyme pour enquêter sur elle et comprendre qui elle est vraiment. C’était un défi pour moi d’imaginer un personnage qui a commis un acte a priori impardonnable, mais qui n’est pas un monstre pour autant. Dans un genre tout à fait différent, c’est aussi une histoire où il est question d’accepter l’autre, dans toute sa complexité.
Quels sont vos projets ?
Un autre roman, mais j’en suis vraiment aux balbutiements. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il s’agira d’une histoire d’amour.
Merci beaucoup Agathe, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à vous Delphine, pour votre fidélité, et votre enthousiasme à faire partager les livres que vous aimez, c’est précieux !