Bonjour Elena Piacentini, afin de mieux vous connaître, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et votre parcours ?
Bonjour ! J’ai grandi dans un petit village de Corse (pléonasme) dans une quasi liberté. J’ai quitté l’île pour le continent afin de poursuivre mes études, mais pas que, puisque j’y ai rattrapé le beau brun qui est mon mari et le père de mes deux filles. Après mon diplôme, je suis devenue consultante en ressources humaines, activité que j’exerce toujours même si c’est aujourd’hui en pointillés. L’expérience que j’ai acquise au travers de ma profession m’est précieuse dans la construction de mes personnages. Mon métier me permet de rester ancrée dans le réel qui est une source inépuisable d’inspiration, pour le meilleur comme pour le pire !
Qu'est-ce qui vous a mené à l'écriture ?
D’abord la fascination pour la lecture. Etant fille unique, c’était, je pense, un moyen « d’inviter » du monde autour de moi et tout à la fois d’explorer des mondes plus vastes. Et puis, assez vite, j’ai gribouillé de courts récits et des poésies. Mettre en mots des ressentis, c’était aussi un moyen de mieux comprendre certaines choses, de les « fixer » et de saisir de petits bouts de vérité, un peu comme on fait des collages. Gamine, j’ai été amoureuse d’Arsène Lupin, puis, à travers Baudelaire, j’ai découvert Poe et ses atmosphères fantastiques. Des classiques (Maupassant, Féval, London, Leroux, Barjavel … dans le désordre et pour citer quelques auteurs qui m’ont marquée, enfant) je suis passée aux polars, une prédilection qui n’a fait que s’affirmer avec les années. Il ne restait qu’à franchir le pas. C’est mon mari qui, en me lançant un défi, m’a donné l’occasion de donner vie à un projet qui mûrissait depuis longtemps. En 2008, Pierre-Arsène Leoni prenait son envol et depuis, je n’ai cessé d’écrire.
Votre roman Comme de longs échos, vient de paraître chez Fleuve éditions, pourriez-vous nous le présenter ?
C’est un roman au rythme rapide qui suit ses personnages « caméra à l’épaule » dans une enquête soumise à un impératif d’urgence : retrouver un bébé dont la mère a été assassinée. Le lecteur suit le déroulé de l’enquête et ses rebondissements, mais aussi la manière dont ils résonnent en chacun des protagonistes qui, pour être flics, n’en sont pas moins hommes et femmes ! Et, au travers de Mathilde Sénéchal et de son étrange rapport aux odeurs, la narration prend des parfums et joue avec les correspondances. En filigrane, dans ce roman, il est beaucoup question d’amour. Celui qui n’a d’amour que le nom, celui qui devient folie, celui dont on doit faire le deuil, celui que l’on s’interdit, celui qui s’invite.
La base de cette histoire est tirée d'un fait réel, comment vous est venue l'idée de vous servir de cette histoire ?
J’ai d’abord été frappée par l’histoire en elle-même. En prenant connaissance des circonstances de l’enquête et de la manière presque fortuite dont elle a été bouclée, une question a commencé à me tarabuster « Qu’aurait-il pu se passer si l’affaire n’avait pas été résolue ? » À partir de ce moment, tous les éléments ont commencé à se mettre en place afin que la fiction, prolonge et amplifie le réel. Comme de longs échos… Le titre s’applique aussi bien au cœur de l’intrigue qu’au thème des correspondances cher à Baudelaire et à la manière dont Mathilde Sénéchal respire et filtre le monde. Mais je n’en dis pas plus…
Pour l'écriture de ce roman, vous avez passé une journée à la PJ de Lille et fait un passage à L'IML, avez-vous quelques anecdotes à nous raconter ?
J’ai bénéficié d’un accueil chaleureux de la part des équipes et je les remercie d’avoir répondu avec patience à toutes mes questions, c’était un peu une inversion des rôles ;-) Sinon, je dois dire que ma visite à l’IML me laissera un souvenir olfactif impérissable. Il n’était pas prévu que j’assiste à une autopsie, je ne le souhaitais pas. Mais le hasard a voulu que la salle que nous visitions était contigüe à une seconde salle d’autopsie qui venait de recevoir une « cliente ». Et les deux salles sont séparées par une baie vitrée. Ce que j’ai vu ne m’a pas impressionnée, pourtant je suppose, étant donné l’état du corps, qu’il s’agissait d’une personne noyée. Mais l’odeur… Rien que d’y repenser, je l’ai encore dans le nez.Comme de longs échos met en scène un nouveau groupe d’enquêteurs, comment sont nés les membres de cette équipe ?
Les deux premiers personnages à prendre vie – en dehors de ceux qui sont à l’origine du drame- sont Orsalhièr et Mathilde Sénéchal. Ils sont presque à l’opposé l’un de l’autre, sauf sur un point : un certain sens du devoir, quand bien même ils ne le vivent pas de la même manière. Pour le groupe d’enquêteurs à la DIPJ, je voulais que Mathilde forme un duo avec un « vieux » flic et qu’il y ait quelque chose à la fois de fort et de désespéré entre eux. Le groupe s’est complété de Delage, Sqalli et Muller, chacun avec sa personnalité propre, mais aussi dans l’idée que le lecteur puisse appréhender l’enquête sous des angles, des sensibilités et des vécus différents. Constituer une équipe dans un roman, c’est un peu comme dans la vraie vie, il faut trouver des complémentarités. Et bien sûr, il y a Adèle. C’est le rayon de soleil de cette histoire, celui qui permet d’éclairer la personnalité dure et revêche de Mathilde Sénéchal.
Aura-t-on le plaisir de les retrouver dans une nouvelle aventure ?
Mais oui, bien sûr. Elle est en cours d’écriture. Il y a un mystère autour de Mathilde et de sa phobie de la menthe, une énigme dont elle-même ne possède pas la clé d’entrée. Ce sera tout l’objet du second roman qui lui est consacré.
Vous êtes aussi l'auteur d'une série de roman mettant en scène le commandant Pierre-Arsène Leoni, pourquoi l'avoir laissé de côté cette fois-ci ?
J’avais envie de me lancer un triple défi : nouveaux personnages, écriture au présent et rythme dicté par l’urgence de l’enquête, et enfin faire la part belle aux sens et à l’odorat. C’est en se donnant des contraintes et en se mettant en danger, qu’on peut progresser. C’est en même temps une manière de se ressourcer. J’aurai d’autant plus de plaisir à retrouver mon ténébreux Leoni et sa (ma) formidable mémé Angèle ;-)
Qu'aimeriez-vous dire aux lecteurs qui n'ont pas encore lu vos romans ?
De prendre le risque ! Les lecteurs qui me sont fidèles disent apprécier mon écriture et le fait de côtoyer des personnages incarnés et singuliers. En ouvrant un de mes livres, il se pourrait qu’ils se fassent de nouveaux amis et découvrent un nouvel univers.
Quels sont vos projets ?
Terminer le second opus concernant Mathilde Sénéchal. En novembre, une de mes nouvelles paraîtra en bonne compagnie dans le coffret autour de minuit dans la collection Polaroïd des éditions In8. Ensuite je reviendrai à Leoni pour lequel nous travaillons également au projet de le porter à l’écran. Bref, les projets ne manquent pas, ce serait plutôt le temps…
Merci beaucoup Elena, nous vous laissons le mot de la fin,
Merci à vous. Je vais laisser le mot de la fin à Adèle. « Les signes, ça compte. Des fois, ça peut changer la vie. »
Comme elle, j’adore sortir du cadre.