Thomas Fecchio

 

 
 
 
Thomas Fecchio




Bonjour Thomas Fecchio ! La première question est un petit rituel sur Plume Libre, pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Fecchio, 38 ans, un premier roman intitulé Je suis innocent. Après des études de cinéma, j’ai exercé divers métiers. Depuis quelques années, je suis gérant d’une société de production de documentaires de création.


Ecriture de scénarios, production de documentaires…, qu’est ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’écriture d’un roman ? Et d’ailleurs, pourquoi le polar ?
Je ne me suis pas lancé dans l’écriture, j’ai toujours écrit. Dans la production de films, il faut avoir une bonne plume car il y a un énorme travail de rédaction (note d’intention, synopsis, dossier de présentation…) qui se fait autour des projets de films.
Cela faisait plusieurs années que j’essayais de monter des projets de séries télévisées sans y parvenir. C’est un aspect difficile du milieu de l’audiovisuel : n’importe quel projet, aussi bon soit-il, peut finir sur une étagère. On est tributaire des décisions de beaucoup de gens pour avancer. J’ai eu envie de produire un objet dont la concrétisation ne dépendrait que de moi ou presque.
Dans le même temps, j’avais ce début de récit qui tournait autour de la figure d’un innocent accusé à tort, sauf que cet innocent est le dernier des salauds. J’aimais l’idée mais je n’avais pas envie d’en tirer un scénario. Notamment, parce que je voulais entrer dans la tête des personnages… et il me semblait que seul le roman me permettrait d’aller au bout de ce désir.
Je suis innocent est né de la conjonction de ces deux envies.


Votre roman, Je suis innocent, est sorti en février 2017 aux Editions Ravet-Anceau. Comment s’est passée la recherche d’un éditeur ?
Ce fut un moment compliqué. Je me suis lancé dans l’écriture du livre avec la volonté d’aller jusqu’au bout, d’achever le livre quoiqu’il arrive. Quand j’ai posté le manuscrit, j’avais donc l’impression d’être à la fin d’une aventure… alors que je n’étais qu’au milieu du gué !
Il faut le dire à tous les novices : gardez des forces pour la recherche de votre éditeur. Il faudra encaisser l’attente, les refus mais aussi les gens qui vous font lanterner et vous disent finalement non.
Avec Marion Weber-Massennat le courant est tout de suite passé : elle n’envisageait que des changements mineurs avant d’éditer le livre et j’appréciais beaucoup la collection Polars en Nord. Je les remercie Nathalie de Meulemeester et elle de m’avoir fait confiance.


Je suis innocent - Thomas FecchioPouvez-vous nous présenter votre roman ?
Le corps d’une jeune femme est retrouvé enterré dans un bois non loin de Reims. La police découvre rapidement qu’un criminel sexuel récidiviste – Jean Boyer – habite à proximité. Son profil cadre parfaitement avec celui de l’assassin… cependant il n’y a aucune preuve matérielle de sa culpabilité et un témoignage tend même à le disculper. Pourtant, pour la majorité des policiers et pour le juge d’instruction, l’affaire est réglée. Seul l’un des enquêteurs, le capitaine Germain est taraudé par le doute. Mais ses investigations vont être contrariées par le fait que Jean Boyer, bien décidé à prouver qu’il est innocent, va se mettre en quête lui-même du vrai coupable.


Le personnage de Jean Boyer est un violeur et un tueur. Pourquoi avoir décidé d’en faire un personnage principal de votre intrigue ? N’avez-vous pas eu peur de déstabiliser le lecteur ? Où avez-vous trouvé l’inspiration pour ce personnage ?
Je voulais déstabiliser le lecteur. La France est un pays d’amateurs de polars qui lisent des auteurs venus de tous horizons, que pouvais je leur proposer de neuf ? Je suis parti avec deux références en tête : James Ellroy (Un Tueur sur la Route et Lune Sanglante) et David Peace (le Red Riding Quartet), ensuite j’ai essayé de mettre ma propre touche d’originalité et d’acclimater une intrigue très sombre à des paysages qui étaient les miens.
Je m’intéresse beaucoup aux faits divers, particulièrement à ceux où il y a des ratés de la machine judiciaire française, machine qui se veut infaillible. En dépit des progrès de la police scientifique, il y a toujours une grande part de subjectivité dans la recherche d’un coupable, l’affaire d’Outreau en a fait la démonstration. Je voulais que mon récit parte de l’arrestation d’un coupable évident et pourtant innocent. De là est né le personnage de Jean Boyer, un assassin très ordinaire.
A mesure que je construisais le livre, je me suis dit qu’il était intéressant de jouer sur la figure de l’innocent accusé à tort qui mène lui-même l’enquête. Mais pour que cela soit vraiment intéressant, il fallait rentrer dans la psychologie de Jean Boyer. C’était aussi un moyen de ne pas en faire une sorte de héros « à la Dexter », un tueur tout puissant, très intelligent, et au final séduisant. Je préférais décrire un être à l’intelligence médiocre, assez rebutant mais qui se révèle être un assassin instinctif et opportuniste, ce qui le rend redoutable. Jean Boyer est ainsi largement inspiré de Francis Heaulme. Pour constituer sa biographie, je me suis intéressé aussi au parcours de Patrick Tissier.

Le capitaine Germain, l’autre personnage principal du roman, semble très fragile. Sans trop en dire, comment vous est venue l’idée de son histoire personnelle qui est une composante importante de sa personnalité.
La création d’un personnage est un processus difficile à résumer. Autant Boyer, s’inspire de véritables criminels, autant pour Germain j’ai eu envie de prendre le contrepied des archétypes d’enquêteurs infaillibles. Je voulais un personnage qui ait une faille et ressorte profondément transformé de sa rencontre avec un assassin ordinaire dans une affaire qui ne l’est pas. Peu à peu, il a pris vie sous ma plume et son histoire s’est affinée, notamment le fait qu’il soit obsédé par la vérité et rongé par la peur de mal faire.


Votre roman est sorti en 2017 mais l’intrigue se situe en 2006. Pourquoi ce choix ?
En 2006, le ministère de l’Intérieur était occupé par un homme politique qui voulait devenir président et qui, pour y arriver, a instrumentalisé la justice. Aujourd’hui, le temps médiatique fait que 2006 semble déjà loin, pourtant jamais il n’y a eu autant de pression sur la magistrature et la police qu’entre 2006 et 2012. Je suis innocent  est une fiction mais il suffit de lire le livre d’Ivan Jablonka, Laëtitia ou la Fin des Hommes,  pour se souvenir de comment Nicolas Sarkozy pouvait intervenir sur le déroulement d’une affaire criminelle et jouer sur sa médiatisation.
J’ai essayé de rendre au mieux cette atmosphère dans Je suis innocent et d’en faire un des éléments clés expliquant pourquoi les policiers s’entêtent à accuser Boyer alors qu’il n’y a pas de preuves matérielles.


La fin de Je suis innocent laisse présager une suite ? Est-ce le cas ?
Il y aura une suite mais pas dans l’immédiat. Je travaille sur un nouveau polar avec de nouveaux personnages !


En commençant l’écriture du roman, aviez-vous déjà en tête les différents rebondissements de votre intrigue y compris la fin ou vous êtes-vous laissé porter par vos personnages ?
Vous avez raison de poser la question, j’avoue que je suis parti sans avoir une idée arrêtée de la fin. Je me suis laissé porter par les personnages pour écrire le dénouement. Le rebondissement final n’est venu qu’au moment où j’arrivais dans les toutes dernières pages.


Êtes-vous vous-même lecteur ? Quels sont vos références et vos derniers coups de cœur ? Et en matière de séries TV et de films ?
Mes derniers coups de coeur
Un film : Le Prix du Succès de Teddy Lussi-Modeste
Un livre : Rural Noir de Benoît Minville
Une série : Taboo avec Tom Hardy


Quels sont vos projets ?
Vite terminer mon prochain livre !


Merci beaucoup Thomas Fecchio, nous vous laissons le mot de la fin.
Le mot de la fin sera : restez curieux. Il y a peu une amie m’a fait découvrir le roman L’Art de la Joie.  Ce n’est absolument pas le genre de livre vers lequel je serais allé et pourtant c’est un livre absolument merveilleux.

 
 
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