Agathe Sanz - Traductrice

 





 octobre 2008




Bonjour, Agathe, petit rituel « Plume-Libre » pour la 1ere question : pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?

     Bonjour. Mon nom est Agathe Sanz, j'ai 36 ans et la traduction est mon activité principale depuis seulement deux ans. Avant cela, j'ai surtout travaillé dans le théâtre en tant que metteur en scène, et à l'éducation nationale comme professeur de français.
 


Quelle est votre formation ?

    J'ai une licence de lettres modernes  et une maîtrise d'ethnologie, mais je dirais que ma formation théâtrale  nourrit beaucoup mon travail de traductrice, que ce soit dans l'adaptation des dialogues d'un livre ou dans la restitution d'un personnage. Je crois d'ailleurs que plusieurs traducteurs d'Univers Poche viennent également du monde du théâtre.
 
 


Quel est votre parcours, comment êtes-vous arrivée à la traduction de livres ?


    En 2003, j'ai rencontré un italien dont je suis tombée amoureuse. Par chance, il ne parlait aucune des langues que je maîtrisais moi-même, et j'ai donc dû apprendre l'italien en hâte ! Deux ans plus tard, j'ai eu le coup de foudre pour le livre d'un journaliste florentin. J'ai contacté la maison d'édition française qui en avait acheté les droits et je leur ai envoyé un essai spontané. Malheureusement, il venait de signer un contrat avec une autre traductrice mais le directeur m'a recontactée pour me proposer de travailler sur la traduction d'un documentaire. L'année suivante, j'ai adopté la même démarche avec « Les chroniques du Monde Emergé » que j'avais lues pendant l'été, et Univers Poche m'a proposé les deux premières trilogies de Licia Troisi.

 



On parle souvent du style d'un auteur. Est-ce difficile en tant que traductrice de restituer ce "style" dans une autre langue ?


    Peut-être n'ai-je pas encore assez de recul pour répondre vraiment à cette question. J'ai l'impression qu'il s'agit surtout d'une question d'affinité : il y a certains livres italiens auxquels j'accède directement, qui me « parlent », et dont je n'ai qu'à restituer la voix. En revanche, je me heurte souvent à des questions de rythme liées à la construction des phrases en italien. Sans rentrer dans des détails linguistiques, je pense que traduire de l'italien est néanmoins assez facile dans la mesure où ce sont deux langues très proches. L'histoire des échanges culturels et artistiques entre ces deux pays depuis le Moyen-âge fait que par exemple, la plupart des expressions toutes faites se traduisent quasi-littéralement.
  



Avez-vous des auteurs que vous suivez particulièrement en tant que traductrice ?
 
    

     Licia Troisi bien sûr, puisque j'ai d'autres livres d'elle à traduire dans un avenir proche. Tiziano Terziani,  le journaliste dont j'ai parlé plus haut et dont j'adorerais traduire les œuvres, et Pierdomenico Baccalario, un auteur jeunesse que je viens de découvrir...



Êtes-vous spécialisée dans un genre littéraire particulier ( le roman jeunesse, comme avec Licia Troisi) ou traduisez-vous aussi d'autres genres ? Et si oui, aborde-t-on la traduction d'un livre jeunesse de la même manière qu'un autre genre littéraire ?

    Non, je ne suis pas spécialisée dans un genre particulier, et je travaille d'ailleurs actuellement sur un roman « adultes » écrit par un jeune homme. En ce qui concerne les livres jeunesse, je les aborde bien sûr différemment. C'est un peu comme raconter une histoire à un enfant : j'essaie de le captiver, de trouver les mots et les expressions qui vont savoir le toucher, le faire rire...



Est-il difficile de traduire un livre qu'on n'a pas forcément apprécié en le lisant ? Faites-vous passer vos propres émotions dans la traduction ou restez-vous totalement neutre ?

     Je touche du bois, cela ne m'est pas encore arrivé ! En revanche, il y a parfois dans les livres  des passages que je trouve un peu laborieux ou des idées avec lesquelles je ne suis pas d'accord en tant que personne. Dans le premier cas, j'essaie « d'arranger », dans l'autre, je respecte évidemment ce qu'exprime l'auteur.  C'est principalement ce défi que j'aime dans la traduction : restituer une voix particulière, unique, sans surimposer ma propre écriture.



Qu'elle est votre marge de liberté pour adapter le texte original à la culture du pays concernée par la traduction ?


      Comme je l'ai dit plus haut, les différences culturelles entre la France et l'Italie existent, mais elles sont sûrement moins importantes qu'entre l'Egypte et la France, par exemple. En outre, lorsqu'un livre est choisi par une maison d'édition, c'est pour ses qualités littéraires intrinsèques et donc sa capacité à séduire un public étranger.



Aimez-vous lire ? Qui sont vos auteurs préférés ?

    J'adore lire,  et les auteurs que j'aime sont des voix qui peuplent mon quotidien : parmi les classiques, il y a Flaubert que je considère presque comme un vieil ami bourru, Romain Gary, Tchekhov... Et en lisant Marie Desplechin récemment, le monde m'a paru soudain moins dépeuplé...



Quels sont vos projets ?


 
   Mettre au monde mon bébé le mois prochain, continuer à traduire des romans que j'aime, et monter de nouveaux spectacles...


Merci beaucoup, nous vous laissons le mot de la fin


    Je crois que j'ai déjà été assez bavarde comme cela... Le mot de la fin pour moi, ce serait « joie » : mon expérience  jusqu'à aujourd'hui, c'est que faire les choses avec joie ouvre bien des portes...

 
  

Livre chroniqué


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